SMBSEIL

CLE Blavet du 3 mars 2023

Membres de la CLE du SAGE Blavet
La Commission Locale de l’Eau (CLE) du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Blavet s’est réunie le vendredi 3 mars 2023 au siège de Pontivy Communauté à Pontivy.

Un seul point était à l’ordre du jour : la gestion quantitative de l’eau en période d’étiage (printemps/été). Les membres de la CLE devaient se prononcer sur la réalisation ou non d’une étude à l’échelle du bassin versant du Blavet, analysant l’ensemble des besoins en eau au regard de la ressource disponible dans un contexte de changement climatique. Cette étude, intitulée HMUC pour Hydrologie, Milieux, Usages, Climat, est subventionnée à hauteur de 70% par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne.

En effet, comme chacun a pu le constater, la sécheresse de l’été 2022 n’a pas épargné le bassin versant du Blavet lequel, pourtant, a longtemps été considéré comme l’un des principaux châteaux d’eau bretons. Cet été 2022 a été très sec, les débits des cours d’eau du bassin versant ont été fortement touchés, certains petits cours d’eau se sont même retrouvés asséchés, notamment en amont dans les Côtes d’Armor. Le manque d’eau a obligé les préfets des départements 22 et 56 à prendre des arrêtés visant à restreindre, voire interdire, certains usages et à déroger à certaines règles relatives aux débits minimums à laisser dans les cours d’eau. Cette situation de tension sur la ressource en eau a pu par ailleurs fortement impacter les milieux aquatiques (faune et flore des cours d’eau et zones humides) et risque de se reproduire compte tenu du changement climatique.

Afin d’éclairer la décision des membres de la CLE de réaliser une étude ou non, le président a invité les services de l’Etat et les principaux acteurs de l’eau du bassin versant à apporter l’ensemble des données et éléments de réflexion nécessaires. Ainsi, la réunion s’est déroulée selon les points suivants :

  • Cycles de l’eau et liens Hydrologie/Milieux, Office Français de la Biodiversité
  • Le quantitatif dans le SDAGE (état des lieux et dispositions), Agence de l’Eau Loire-Bretagne (AELB)
  • Etude quantitative menée à l’échelle de la Bretagne, Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Bretagne (DREAL)
  • Etat des lieux et enjeux du bassin versant du Blavet :
    • Hydrologie, prélèvements publics et privés, localisation des industries agro-alimentaires et usages agricoles (zone de légumes, élevages), Services du SAGE Blavet
    • Milieux aquatiques (poissons migrateurs, mulette perlière…), Office Français de la Biodiversité
    • Retour sur la sécheresse 2022 sur le bassin versant du Blavet, DDTM 22 et 56;  producteurs d’eau (Eau du Morbihan, Lorient Agglomération, SDAEP 22)
    • Barrage de Guerlédan : fonctionnement, enjeux et limites, EDF
  • Qu’est-ce qu’une étude HMUC ? AELB et témoignage de Bruno Ricard, président de la CLE du SAGE Rance
  • Échanges et discussion

Les principaux éléments issus de la présentation de l’Office Français de la Biodiversité sont les suivants :

Belle Chère_Affluent de l’Evel, Etiage 2022 ©SMBSEIL

Les cours d’eau contiennent la majorité de l’eau disponible sur le bassin versant du Blavet, comme en Bretagne. Leur débit sont globalement corrélés aux précipitations. Sur les 937 mm qui tombent en moyenne en Bretagne : 61% s’évapore. Reste 39% de pluies efficaces qui permettent d’alimenter les débits des rivières ou sont utilisées. Le changement climatique accentue l’évaporation au détriment de l’alimentation des cours d’eau.

Les petits cours d’eau situés en tête de bassin versant représentent de 70 à 85% du linéaire total et fournissent entre 50% et 70% des débits des rivières. Les milieux aquatiques (poissons, larves, végétation) ont besoin d’un niveau de débit minimum pour se reproduire et vivre. L’eau que l’on dit excédentaire en hiver est nécessaire à la vie aquatique. D’où l’importance de préserver ces zones de tête de bassin versant, aussi bien des pollutions que des prélèvements.

Les zones humides sont également à préserver et à restaurer car constituent des réservoirs d’eau fraiche. Elles jouent le rôle de tampons envers les situations extrêmes de manque ou de surplus d’eau.

La préservation des milieux et la satisfaction des usages (eau potable, prélèvements industriels, irrigation) ne doivent pas être opposées. Par exemple, l’implantation de retenues d’eau pour l’irrigation doit être réfléchie sur la base des éléments de connaissance précédents.

Ci-dessous quelques questions et remarques exprimées par des membres de la CLE lors de sa séance du 3 mars :

Quels impacts ont eu les restrictions d’eau imposées par les arrêtés sécheresse de 2022 sur les économies réelles d’eau ?

Quel pourcentage d’eau, il serait raisonnable que l’agriculture prélève pour irriguer les cultures destinées à l’alimentation de la population ?

L’évolution de la population doit être prise en compte dans l’évolution des besoins, tout comme le changement climatique.

Développer une culture autour de l’eau auprès notamment des élus des collectivités locales qui ont la main sur les documents d’urbanisme s’avère nécessaire.

A l’issue des présentations et des échanges, les membres de la CLE ont validé à l’unanimité la réalisation d’une étude HMUC à l’échelle du bassin versant du Blavet, étude qui sera portée par le SMBSEIL.

Celle-ci permettra de mieux connaitre les besoins réels de la population, de l’agriculture et des industries et d’aboutir, si nécessaire, à une modification règlementaire des usages. Prévue sur plusieurs années, une étude HMUC permettra de faire de la prospective hydrologique, hydrogéologique, climatique et d’analyser l’évolution des différents usages au regard des besoins des milieux.