Les principaux paramètres impactant la qualité de l’eau des rivières et plans d’eau du bassin versant du Scorff sont les nitrates, le phosphore, les pesticides et la morphologie-continuité écologique. L’eau destinée à l’alimentation en eau potable s’en trouve donc affectée comme les êtres vivants des rivières. Le littoral et l’estuaire sont concernés par des pollutions d’origine bactériologique mais en tant que réceptacles des rivières amont, ils se trouvent également affectés par des phénomènes d’eutrophisation (algues vertes).

Les nitrates

Algues vertes en Rade de Lorient ©SMBSEIL

Les nitrates en excès dans le sol sont lessivés par les eaux de pluies et se retrouvent dans les nappes et les rivières. Sous l’action microbienne, ils peuvent se transformer en nitrites puis en acide nitreux qui peuvent potentiellement avoir des conséquences graves pour la santé humaine (déficiences respiratoires et cancers) et la vie aquatique.

Les nitrates sont par ailleurs à l’origine de l’eutrophisation au niveau des vasières de la rade de Lorient et de plusieurs plages de Ploemeur et Larmor Plage. 

Les apports en nitrates dans les cours d’eau sont principalement en lien avec les pratiques agricoles (excès d’apports d’azote organique ou minéral agricoles par épandage d’effluents d’élevage et/ou d’engrais minéraux, installations de stockage d’effluents défaillants, etc). Ils peuvent également provenir de l’assainissement mais dans une bien moindre mesure.

Sous-bassins versants prioritaires “Nitrates”

Le PAGD du SAGE approuvé en 2015 a fixé une réduction des concentrations en nitrates en tendant vers un Q90 [1] de 20 mg/L à horizon 2020. Cet objectif a été fixé en lien avec la réduction de l’eutrophisation littorale. Le CEVA (Centre d’étude et de valorisation des algues) a mené une étude qui répertorie les sources de nitrates responsables de ce phénomène, il en ressort que les apports terrigènes sont importants : 70 % Blavet, 20 % Scorff et 10 % Ter, STEP et relargage sédimentaire. Si cet objectif de réduction est atteint, il ne permettra pas de mettre fin à la prolifération d’algues vertes, les scientifiques estimant nécessaire d’abaisser les concentrations en deçà de 10 mg/L. (cf Etude CEVA téléchargeable en bas de page).

Pour répondre à cet objectif d’abaissement des taux de nitrates, le PAGD du SAGE a identifié des sous bassins du Scorff comme prioritaires sans pour autant y fixer des objectifs individualisés. Cependant, les maîtres d’ouvrage des programmes d’actions, notamment agricoles, sont invités à prioriser les interventions sur ces territoires

 

Le phosphore

Un excès de phosphore dans les eaux et les milieux aquatiques peut entraîner une eutrophisation des eaux et notamment des plans d’eau (développement d’algues ou de phytoplanctons qui peuvent être toxiques (cyanobactéries)).

Le PAGD du SAGE a identifié plusieurs masses d’eau qui ne répondent pas à l’objectif de bon état sur ce paramètre, soit un dépassement des 0,2 mg/L (cf étude phosphore téléchargeable ci-dessous) . Il a aussi recensé les plans d’eau soumis à des phénomènes d’eutrophisation, deux d’entre eux font l’objet de suivi de prolifération de cyanobactéries (cf Bilan qualité des eaux 2020).

Si la situation s’est améliorée sur les masses d’eau du Fort Bloqué et de la Saudraye (état moyen), elle s’est dégradée sur le Scorff. Les plans d’eau de Lannénec, du Ter et de Pont-Nivino restent, eux, soumis à d’importants problèmes d’eutrophisation.

Les pesticides

On entend ici par « pesticides » les produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques utilisés pour le traitement des végétaux et la destruction des indésirables. Ils regroupent les herbicides, insecticides, fongicides, nématicides, etc. Majoritairement d’origine agricole, ils ont des conséquences sur les plans économique, environnemental et sanitaire. La loi Labbé a interdit l’usage des produits phytosanitaires à usage domestique ainsi que l’utilisation dans les espaces publics des collectivités locales.

Évolution des ventes de produits phytosanitaires en Bretagne depuis 2015 ©OEB

Évolution des ventes de produits phytosanitaires en Bretagne depuis 2015 ©OEB

Le PAGD du SAGE a repris les objectifs du Grenelle avec une réduction de moitié de la quantité de pesticides utilisés sur le bassin à l’échéance 2018. Il a aussi fixé des objectifs qualitatifs en reprenant les normes des eaux distribuées dans les eaux brutes : < 0,5 µg/l pour le cumul des molécules, <0,1 µg/l pour chaque molécule.

A ce jour, les objectifs ne sont pas atteints :

  • L’observatoire des ventes de produits phytosanitaires fait état d’une légère baisse depuis 2015, de 20%
  • Dépassement des objectifs qualitatifs fixés notamment pour certains métabolites [2]

 

 

La bactériologie sur le littoral et la zone estuarienne

Cette problématique est abordée par le biais des principaux usages existants sur ces secteurs : baignade et pêche à pied principalement.

La conchyliculture et la pêche à pied professionnelle

La Commission Locale de l’Eau (CLE) du SAGE Scorff souhaite tendre vers un classement B de la Rade de Lorient qui ne présente, à ce jour, aucune activité conchylicole et est non classée. Le PAGD du SAGE a donc fixé un certain nombre d’actions à entreprendre pour répondre à cet objectif, en particulier sur l’assainissement des eaux usées et eaux pluviales.

Pour aller plus loin : http://www.atlas-sanitaire-coquillages.fr/classements-sanitaires

La pêche à pied de loisir

La zone estuarienne et littorale du bassin versant du Scorff n’abrite pas de site de pêche à pied officiellement recensé et donc sanitairement suivi. Cependant, sur Larmor-Plage, un site connaît une certaine fréquentation pour la pêche de coques en particulier.

Pour aller plus loin : https://www.pecheapied-responsable.fr/

La baignade

En 2021, le bassin versant du Blavet comptait 17 sites de baignade (eau de mer) : 15 de qualité excellente et 2 de qualité bonne

Pour aller plus loin : https://baignades.sante.gouv.fr

Des données et graphiques sur la qualité de l’eau, à différentes échelles et années sont accessibles sur le site de l’observatoire de l’Environnement de Bretagne (OEB)  https://bretagne-environnement.fr/donnees-analyses?f%5B0%5D=field_tag_type_de_contenu_%3A67&f%5B1%5D=field_tag_th_matique_gemet%3A94

La biologie en lien avec la morphologie des cours d’eau

L’état d’une masse d’eau n’est pas seulement défini par des paramètres physico-chimiques mais également par des indicateurs biologiques : poissons et invertébrés aquatiques notamment. Ces indicateurs sont en lien direct avec l’état du milieu dans lequel ils évoluent : qualité des eaux et qualité de l’habitat (morphologie, diversité d’écoulement de l’eau, ripisylve, continuité écologique, etc).

Nous ferons ici un focus sur les poissons migrateurs qui constituent l’emblème du Scorff, en particulier le saumon atlantique.

Toutes les espèces de poissons migrateurs amphihalins présentes en Bretagne colonisent le Scorff :

  • le saumon atlantique et l’anguille se répartissent jusqu’en amont des cours d’eau,
  • les aloses sont cantonnées à la limite aval du bassin,
  • les lamproies sont présentes sur la partie médiane.

Le Scorff est équipé d’une station de contrôle des poissons migrateurs, implantée sur la partie basse du cours principal du Scorff. Depuis 1994, un programme scientifique sur le saumon est mené conjointement par l’INRAe et la Fédération de pêche du Morbihan.

En 2021, 461 saumons ont été comptabilisés à la station de contrôle, la situation est moyenne au regard de la situation régionale et la tendance depuis 2008 est en forte baisse.

Il est à noter que la présence de ces poissons migrateurs sur le bassin est intimement liée à la franchissabilité des obstacles présents sur les cours d’eau (seuils de moulin, plans d’eau sur cours d’eau). Des aménagements de passe à poissons ont été réalisées mais des obstacles persistent. Le PAGD du SAGE a fixé des sites prioritaires à l’aménagement ou à l’effacement.

Pour en savoir plus : https://www.observatoire-poissons-migrateurs-bretagne.fr/

 

 

[1] Le Q90 ou quantile 90 correspond à la valeur non dépassée par 90 % des résultats. Autrement dit, si le Q90 est égal à X, alors 90% des résultats de l’échantillonnage sont inférieurs à ce X. Le Q90 permet de mieux refléter les pics saisonniers tout en excluant les valeurs extrêmes

[2] Une solution phytosanitaire est constituée d’une ou plusieurs matières actives ainsi que d’éléments inertes. Au cours d’un traitement, certaines matières actives se dégradent totalement ou partiellement en une (ou plusieurs) autre molécule appelée “métabolite”.

Ressources et documentation